Le titre de ce travail, est un jeu de mots, un glissement de sens et de son, entre l’agneau de Dieu et le jour de l’agneau en anglais. « … Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde, aie pitié de nous… » murmurent les femmes dans les prières. Ce sont ces mêmes femmes, qui ouvrant et fermant le cycle de la vie, chantent en même temps les berceuses pour les enfants et les lamentations funèbres pour les morts… La vie et le trépas se côtoient sur la scène que je transforme en autel symbolique. En puisant la farine de mon ventre, devant le public je réalise une pâte à pain avec laquelle je pétris un bébé. Ainsi la mort accueil la vie dans sa chair comme une espérance et une renaissance. Les yeux de l’agneau, que j’ai traversés de seringues, nous interrogent et lisent notre cœur. Derrière moi, sur la vidéo, un berger, enlève la peau de l’agneau qui vient d’être sacrifié. Puis, toujours devant le public, je berce un autre agneau écorché dans mes bras, en démontrant ainsi qu’il n’est pas uniquement cet animal de paix que la religion veut nous transmettre, mais aussi le bouc émissaire des douleurs de notre monde. L’agneau écorché est l’homme contemporain, torturé et avili qui, comme dans le passé, porte le témoignage de notre souffrance. La peau de l’homme est aussi arrachée dans les espérances de nos présents. Nous sommes tous l’agneau d’aujourd’hui. La projection de la bouche de Antonio Are, chanteur de Bolotana accompagne toute mon action avec un chant dysphonique.